Il me semblait intéressant de vous parler de la problématique des acouphènes. C’est une des demandes les plus courantes que j’ai en accompagnement et, depuis le premier confinement, la demande augmente. Les personnes concernées ressentent une détresse face à ce phénomène qui apparaît parfois du jour au lendemain et parce qu’il y a une grande méconnaissance du symptôme.

 

Qu’est-ce qu’un acouphène ?

Un acouphène est la perception d’un bruit dans une oreille ou les deux et même parfois dans la tête sans stimulus de l’environnement extérieur.

On estime que 10 à 15% de la population industrialisée souffre d’acouphènes chroniques.

Certaines personnes vont les qualifier de sifflement, de bourdonnement, de grésillement qui vont être constants ou intermittents.

Dans 95% des cas, l’acouphène est dit « subjectif », c’est-à-dire qu’il n’a pas de cause évidente et qu’il n’est pas perceptible par les technologies ORL. Il est uniquement perçu par la personne concernée. Ils s’accompagnent dans 85% des cas d’une perte auditive et d’hyperacousie dans 40% des cas. (C’est-à-dire une perception exacerbée des bruits)

 

Que faire en cas d’acouphène ?

La première chose à faire est de consulter un médecin ORL pour être sûr de ne pas passer à côté d’une pathologie du système auditif. C’est lui qui examine, diagnostique et oriente. En effet, il peut y avoir des causes différentes (des otites, une otospongiose ou une tumeur sur le nerf auditif) mais il faut également vérifier s’il n’y a pas une histoire d’hypertension artérielle, des problèmes dentaires etc. En cas d’acouphène unilatéral par exemple, une IRM doit être prescrite pour ne pas passer à côté d’un neurinome de l’acoustique, en l’occurrence une tumeur.

 

La prise en compte de l’émotionnel

L’acouphène n’est pas une maladie. En revanche, il peut être extrêmement invalidant en fonction de l’intensité, de la fréquence et de la perception de cet acouphène. Certaines personnes vont ignorer volontairement leur existence là où d’autres ne supporteront pas du tout leur présence. 

On accorde une grande importance à l’expérience vécue de la personne acouphénique et l’impact sur sa qualité de vie. La gêne peut être légère ou sévère, il n’y a pas vraiment de règle. Mais dans les cas où la gêne est intense, la vie de la personne peut être complètement centrée autour de cet acouphène qui devient un « point douloureux » de la conscience. La personne débordée par les acouphènes est alors en souffrance et peut perdre ses repères. Elle se sent comme emprisonnée dans cette souffrance qui peut la conduire à l’isolement. Il y a une grande vulnérabilité et une incapacité à faire face.

Donc il faut vraiment prendre en compte la dimension émotionnelle de l’acouphène. Les différentes techniques d’imagerie et d’exploration ont mis en évidence le rôle important du système limbique et en particulier de l’amygdale (partie du cerveau impliquée dans la gestion des émotions) dans le traitement des acouphènes invalidants.

La sophrologie intervient dans la prise en compte de l’aspect psychologique et émotionnel des personnes acouphéniques.  On retrouve assez régulièrement des personnes qui mentionnent la survenue de l’acouphène après des événements stressants comme un deuil, un départ à la retraite, une rupture etc.

De plus, beaucoup de personnes acouphéniques se plaignent de divers troubles associés comme la fatigue chronique, l’irritabilité, l’anxiété, des troubles du sommeil, des troubles de la mémoire ainsi que des douleurs dans la tête, le dos ou la mâchoire.

 

La sophrologie comme support

Certaines personnes témoignent avoir vu leurs acouphènes disparaître. Mais ça reste une minorité. La plupart du temps on arrive à une indifférence vis-à-vis de l’acouphène c’est ce qu’on appelle le processus d’habituation. C’est l’axe d’effort en sophrologie. 

Il s’agit donc d’un protocole d’habituation qui vise à faire en sorte que les personnes « n’entendent plus l’ acouphène ».  C’est une prise en charge brève qui permet d’obtenir une diminution du handicap et une amélioration de la qualité de vie. Ce sera mesuré en séance grâce à un questionnaire spécifique (THI) proposé en début et en fin d’accompagnement et une échelle d’intensité.

Le principe est donc d’aider la personne acouphénique à mieux gérer les crises, à lâcher prise, à gérer l’émotionnel, à gérer efficacement les symptômes. Dans ce protocole la personne apprend à défocaliser, se libérer des pensées négatives, à atténuer l’anxiété, découvrir de nouvelles sensations et à devenir autonome en cas de crise. Évidemment, toutes ces notions impliquent un entraînement sérieux de la part des personnes. Venir à une séance et abandonner dans la foulée parce que « les acouphènes ne sont pas partis » eh bien… effectivement « ça ne marche pas! ».

C’est important de comprendre ce que sont les acouphènes pour mieux y faire face. Parce qu’on craint ce qu’on ne connaît pas. A partir du moment où on comprend de quoi il en retourne, la prise en charge est plus simple.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’il y a des solutions. Je ne dis pas que la suppression ou la réduction des acouphènes est évidente mais il existe des prises en charges qui améliorent la qualité de vie.

 

Cet article s’appuie sur les travaux de Madame Patricia Grévin, fondatrice du Pôle Sophrologie et Acouphènes, sophrologue, auteure et formatrice. Elle a notamment écrit deux livres de référence, « Acouphènes_Les soulager avec la sophrologie » et « J’ai des acouphènes_causes émotionnelles et solutions adaptées » dont je me suis servie pour vous apporter quelques explications.

Le protocole acouphènes en question a été évalué et publié en mai 2020 aux annales européennes O.R.L..